L’un des événements du Festival EuropaNova se tiendra au cœur du Brabant wallon, à Incourt, à l’école internationale d’humanités classiques, Schola Nova. Nous souhaitons montrer à nos amis belges quelques séquences de nos traditions, et rappeler ces traditions aux Roumains qui se trouvent dans la région. Et nous espérons ravir à la fois les uns et les autres avec quelques moments musicaux spéciaux à la flûte de Pan, au piano, à la cobza, avec une présentation de costumes traditionnels roumains, et pour les enfants – un atelier de peinture sur des cuillères sculptées en bois. Nous avons invité Mme Caroline Thuysbaert, responsable de la Direction générale et des Humanités de l’école, à répondre à quelques questions.
EUROPANOVA : Schola Nova est une école au profil unique. Pouvez-vous l’expliquer ? Pourquoi ce profil ?
CAROLINE THUYSBAERT : Le but premier de Schola Nova, lors de sa fondation en septembre 1995, était de maintenir le programme classique gréco-latin, qui avait fait ses preuves pendant des siècles, et qui, malheureusement, disparaît en Belgique et partout dans le monde. La connaissance de nos racines culturelles, linguistiques, et historiques, est essentielle dans la formation des enfants. Elle leur permet de comprendre le monde dans lequel ils vivent, et de mieux respecter les autres cultures qui l’entourent. Ce patrimoine gréco-latin est véritablement l’humus de toute l’Europe pagano-judéo-chrétienne. Il est dommage de l’oublier aujourd’hui. De plus, cette formation générale et humaniste est une voie privilégiée pour acquérir le sens de l’analyse et de la synthèse, et pour aiguiser l’esprit critique, ô combien nécessaire de nos jours.
EUROPANOVA : Petit à petit, vous approchez du 30e anniversaire de votre existence. Pourriez-vous nous parler de quelques réalisations que vous considérez comme les plus importantes ? Quel chemin ont pris les anciennes élèves ?
CAROLINE THUYSBAERT : Notre plus grande réussite est l’enthousiasme de nos élèves et de nos professeurs. La qualité du contenu des matières enseignées doit s’accompagner de la passion, vertu naturelle de l’être humain depuis son plus jeune âge. Beaucoup d’anciens élèves viennent nous rendre visite et nous donnent des nouvelles régulièrement. Nous comptons même déjà, parmi nos élèves, des enfants d’anciens ; plusieurs anciens élèves sont également devenus professeurs à Schola Nova. Ce qui est très important aussi à mentionner, c’est que la formation classique permet d’accéder à toutes les études, tant scientiques que littéraires, artistiques ou professionnelles. Une formation de base est nécessaire quel que soit le métier exercé dans l’avenir. Je pourrais citer quelques professions : chercheur au FNRS, juriste, banquier, médecin, biologiste, géologue, instituteur, professeur de langues, philologue, ingérieur (civil, du son, etc.), musicien, comédien, sculpteur, etc.
Vous constatez que les voies empruntées sont multiples et variées ; le mot « Humaniste » n’est donc pas théorique du tout !
EUROPANOVA : En plus de l’école, vous avez construit une salle de spectacle, l’Aula Maior, où des spectacles de musique ou de théâtre sont organisés, d’une part réalisés par les élèves de l’école sous la direction des enseignants, et d’autre part, des artistes remarquables y sont invités…
CAROLINE THUYSBAERT : La formation intellectuelle est la mission première d’une école, mais celle-ci doit être complétée par les arts, la musique, la peinture, le théâtre, en un mot, l’expression artistique et verbale dans le sens le plus large. À l’époque glorieuse de la Renaissance, les grands Humanistes, comme Léonard de Vinci, étaient tant artistes, qu’inventeurs, mathématiciens et poètes. Même si tous les élèves ne se destinent pas à devenir un tel uomo universale, l’apprentissage de la musique et de l’art de la parole apporte énormément.
EUROPANOVA : L’un des événements du Festival EuropaNova se déroule dans votre école. Il s’agit d’un mélange de traditions roumaines, de musique, d’expositions d’art populaire et de présentation de costumes traditionnels. Ce n’est pas un événement typique pour Schola. Quelles sont vos attentes pour ce spectacle ?
CAROLINE THUYSBAERT : La découverte des autres cultures est un enrichissement pour tous. Ce sont ces traditions, locales, ancestrales, qui se perdent trop souvent aujourd’hui. Nous sommes donc ravis de présenter à nos élèves, et à nos professeurs (comme à moi-même d’ailleurs !) ce pan de culture mal connue en Belgique. Je constate depuis quelques années que certaines familles roumaines ont une attirance particulière pour la langue latine (la langue roumaine en est proche, de par son histoire) et pour la langue grecque (entre autres pour des raisons de religion orthodoxe). Tout le monde a à y gagner et cela ne peut qu’encourager le dialogue entre les civilisations et le respect mutuel. L’uniformisation des modes de vie, des types de société est un appauvrissement regrettable ; approcher d’autres manières de penser et de vivre permet souvent d’approfondir, par comparaison, les siennes propres.
EUROPANOVA : Nous savons que vous avez eu et avez encore quelques élèves d’origine roumaine dans votre école…
CAROLINE THUYSBAERT : Je pense avoir répondu à cette question au paragraphe précédent. Je me permets d’ailleurs d’ajouter que c’était pour moi une première occasion de découvrir ce peuple, et cela ne m’a apporté que des bonnes surprises ! Ce sera une joie d’entendre les concerts qui sont au programme et d’admirer l’art de l’habillement traditionnel.
Un grand merci au Festival Europanova !