Interview avec l’artiste Anca Codrea
Après avoir étudié les langues étrangères et suivi des cours d’assistance sociale à l’Université de Bucarest, Anca se rend compte que l’Art la représente mieux et s’y retrouve éperdument. À présent, elle peint, découvre la sculpture et aide les artistes à faire des sauts quantiques dans leurs carrières en tant que coach…
1. J’imagine que la peinture est une passion qui vous anime. Quand avez-vous senti pour la première fois que l’art était votre voie ?
Tout d’abord je te remercie Mirela pour m’avoir contacté pour cette interview.
La première fois que j’ai ressenti l’art comme étant ma voie, j’avais 7 ans. J’écrivais déjà des poèmes et cela a continué intensivement durant 35 ans. L’art a continué pour moi avec la littérature : des romans, des nouvelles, des poèmes.
À 14 ans, je participais à l’olympiade nationale de langue et littérature roumaine – qui a eu lieu à Braila où j’ai gagné la 4e place. L’art prenait par conséquent de plus en plus d’ampleur dans ma vie. En ce qui concerne la peinture, cela a dû attendre assez longtemps. Je ne pensais pas que j’avais du talent. Même si la prof de peinture de mon école primaire m’a dit une fois, après avoir peint des cercles en genre Kandinsky, que j’avais du talent. Quand j’y repense maintenant, c’est étonnant comment la confiance en soi est un facteur tellement important aussi dans l’expression de l’art. La peinture a commencé à m’appeler de plus en plus lors d’un voyage en Amérique, à Key West, quand j’ai visité tellement d’ateliers de peintres que ça m’a profondément impressionné. Puis en 2010, elle a finalement fait surface dans ma vie par l’écriture d’une trilogie. C’était si intense que l’écriture a dû laisser la place à la peinture. C’était aussi après un moment de détresse professionnelle. Depuis ce moment-là, la peinture a pris la première place dans ma vie d’artiste en parallèle avec la sculpture que j’ai commencée à étudier en 2012 à l’académie Constantin Meunier, à Etterbeek. J’ai même inventé un style de peinture-sculpture.
2. Depuis combien d’années peignes-tu ? Quelles techniques picturales utilises-tu et en quoi consiste ton pouvoir d’artiste ?
Je peins depuis 11 ans. J’ai commencé avec l’huile sur toile et je me souviens de ce premier tableau, c’était un portrait qui à mon étonnement a suscité des réactions telles que : « si tu continues comme ça, tes peintures vont devenir de véritables photographies ». À ce moment-là, je me suis rendue compte que je ne voulais pas imiter la réalité, mais plutôt représenter des états d’âme. Alors, j’ai expérimenté aussi l’acrylique, puis l’encre sur papier de riz (ma Monalisa est réalisée par cette technique), et par-après le pastel. Ensuite j’ai ajouté des objets sur mes toiles. Puis, j’ai intégré des collages. Ma particularité, je pense, c’est la couleur. On m’a dit plusieurs fois que j’ai du talent pour combiner les couleurs. Et il est vrai aussi que les couleurs fortes me donnent de l’énergie. J’ai toujours voulu apprendre plus, me perfectionner. J’ai suivi une école privée d’art et j’étudie la sculpture depuis 2012.
3. Quels sont tes sujets ou tes thèmes favoris et comment tes peintures ont-elles évolué au fil des années ? Qu’est-ce qui t’inspire ?
Mes sujets ou mes thèmes favoris ? Comme je disais, au début j’ai beaucoup créé des peintures abstraites. J’ai eu aussi une période où j’ai créé des tableaux semi-figuratifs- toujours au début. Les sujets et les thèmes varient : quand il s’agit d’un tableau abstrait, la peinture est intuitive. Les dernières années, il est vrai que ma peinture a intégré beaucoup de figuratif. En 2019, j’ai exposé des peintures inspirées de street-art pop-art. Récemment, j’ai commencé à créer des tableaux en m’inspirant de ma famille, mes enfants et j’ai également imaginé une série de tableaux inspirés de mes rêves.
4. Les critiques, quelles qu’elles soient, t’influencent-elles ou non ? Et dans quelle mesure ?
Ah, les critiques ! Trop longtemps j’ai laissé la partie négative d’une critique m’influencer. Mais il est vrai qu’en peinture les critiques n’ont pas été trop virulentes. L’avantage d’une peinture par rapport à un roman c’est que l’on peint ce que l’on veut. Si la peinture est abstraite, personne ne s’en rend compte. En revanche, un roman utilise des mots, donc c’est plus exposé aux critiques. Évidemment, un artiste c’est une personne d’une grande sensibilité. Mais quand on a confiance en soi, quand on connaît la valeur de son travail, les critiques ne peuvent avoir qu’une connotation positive.
5. On dit que « Les peintures ont une vie propre qui dérive de l’âme du peintre. ». As-tu un artiste-peintre préféré ? Pourquoi ?
Oui. Je crois, moi aussi, que les peintures sont une prolongation de l’âme de l’artiste. Je ne sais pas qui a dit ça mais je pensais récemment à mes peintures du point de vue philosophique et je suis arrivée à cette même conclusion! Quand on peint, on y engage une partie de son âme. Un artiste peintre préféré? Je n’en ai pas. J’en admire quelques-uns, oui. Je me souviens quand j’ai vu une des toiles de Monet dans un musée. Ça m’a tellement ému!
6. As-tu d’autres passions que la peinture ?
À part être peintre, je suis également écrivaine et sculptrice. Évidemment, il faut avoir du temps pour continuer à créer et, pour l’instant, je suis en train d’équilibrer le temps dédié à ma famille et mes enfants en bas âge et le temps dédié à l’art.
7. Quel(s) conseil(s) donnerais-tu aux personnes rêvant de devenir peintre ?
Aux personnes qui rêvent de devenir peintres et artistes, je leur dirai : n’hésitez plus ! Assumer être artiste : c’est tout un travail et, le plus tôt on le fait, mieux c’est. C’est une merveilleuse aventure d’être peintre, car on découvre un autre univers, qui charge d’énergie, donne des ailes, accompagne tel un ami fidèle tout au long de la vie et aide à nous exprimer, à exprimer tout ce que nous ne pouvons pas exprimer autrement. Cela nous ancre dans notre mission de vie, nous permet d’observer les choses avec d’autres points de vue. Être artiste, c’est hyper important car, c’est seulement à ce moment-là que l’on incarne sa mission. Quand on la reconnait publiquement ! Je suis longtemps restée dans l’ombre et je connais l’importance de sortir à la lumière. Et je dirais encore : même si l’on ne vend rien, ce n’est pas grave. Ce n’est pas ça le but. Le but est de réussir à prendre au sérieux le désir de créer si cela nous appelle, car cela veut dire que l’on s’épanouit. Je connais pas mal de gens qui ont du talent artistique, mais qui, malheureusement, le considèrent comme un passe-temps. Pour y remédier, j’accompagne en tant que coach les personnes qui ont une fibre artistique et veulent la développer. Quand on crée de l’art, on enrichit sa vie. Sais-tu combien de fois je me suis questionnée pourquoi je crée ? Et la réponse a été : pour émerveiller ma vie encore plus. Quand je regarde mes tableaux dans ma maison, je sens que je contribue avec quelque chose d’artistique à ce monde. Parfois, je me demande : mais comment j’ai fait ça ? S’exprimer à travers l’art, c’est tellement enrichissant que j’ai envie de convaincre tout le monde de devenir artiste :
Commencez à peindre ! Commencez à écrire ! Ça vous rendra la vie plus belle !