Entretien avec l’artiste Alexandra Nastase

1. Votre exposition s’intitule « Contemplation chromatique ». Quand avez-vous ressenti pour la première fois l’appel de la « couleur » dans votre vie ?

Je pense depuis que je me connais. Et la certitude que la peinture est ce qui me définit, me comble, est venue au moment où, à la question « qu’est-ce que tu veux faire ensuite dans la vie ? », professionnellement parlant, la réponse est venue, sans équivoque, « peindre ».

2. Depuis combien de temps peignez-vous et en quoi consiste votre parcours artistique ?

Comme pour la question précédente, la réponse est tant que je me connais. Le dessin et les couleurs (la peinture, plus tard) étaient mes activités quotidiennes. Ayant eu accès dès mon plus jeune âge à de nombreux albums d’art (et pour cela je remercie mes parents), il était facile d’en « attraper le goût » et d’essayer de commencer à le comprendre dès le plus jeune âge. L’art, en particulier la peinture, a été et sera une fascination constante. A partir de là, le cursus s’est fait naturellement : j’ai fréquenté la Faculté des Lettres N. Grigorescu de Bucarest, en section graphique, puis un master en graphisme et design à Bruxelles au CAD (Collège d’architecture et design), puis des années et des années on se partage entre chevalet, art publicitaire et peinture murale.

3. Pouvez-vous me dire ce qui vous a poussé à peindre ? L’accès, dans l’enfance, aux albums d’art ou était-ce autre chose ?

La réponse est simple ! Les parents! Ils m’ont « libéré » en tant qu’enfant de nombreux jouets inutiles, au lieu de cela ils m’ont donné des centaines de papiers et toutes les choses nécessaires pour les remplir de couleurs et de formes. C’est ainsi qu’a commencé mon long voyage dans le monde fascinant de l’art.

4. Combien de toiles avez-vous abandonnées ou laissées inachevées ? Et combien de temps passez-vous devant un écran ?

Pas beaucoup, mais assez. J’ai toujours eu l’horreur des affaires inachevées. Si bien que, d’une manière ou d’une autre, au bout d’un moment, je suis revenu sur certains, les ramenant à une finalité.
Pour travailler, je travaille sur un tableau pendant des jours, voire des semaines, trouvant toujours quelque chose à changer, à ajouter.
Je ne me suis jamais chronométré, mais je n’ai jamais travaillé moins de 4, 5 heures d’affilée. Une fois que j’ai envie de peindre, j’oublie un peu le reste.

5. Quels sont vos sujets ou thèmes d’âme et comment vos toiles ont-elles évolué au fil des années ?

Je veux croire que j’ai mûri avec le passage des années. J’ai essayé et j’essaie diverses techniques, de la gravure (linogravure, lithographie, xylogravure, etc.), au dessin et à la peinture dans les techniques les plus diverses. La peinture acrylique, cependant, me « saisit » le mieux. Et le sujet est toujours le même : l’introspection. Je suis dans une recherche continue de moi-même, c’est pourquoi mes peintures, figuratives ou abstraites, sont des expressions en couleur d’états personnels, (plus calmes ou plus agités).

6. Avez-vous un artiste-peintre préféré ? Dans quelle mesure cela vous a-t-il influencé ou vous influence-t-il encore ?

C’est une question difficile. Je ne peux pas en choisir un… Dans un ordre aléatoire, je pourrais dire ..de Boticelli à Matisse, Kess Van Dongen, Hundertwasser, Hokusai, D. Hockney, et la liste continue. Je me suis arrêté plus dans le sens expressionniste au final, c’est là que je me suis retrouvé. Et chacun m’a certainement influencé de diverses manières : par la technique de la peinture, ou la vigueur d’un dessin impeccable, l’expressivité des lignes, les sujets abordés, etc. Tout dépendait du moment de ma vie, de mon parcours artistique, où je les découvrais et chacun d’eux a marqué d’une manière ou d’une autre.

7. Quelle est votre œuvre préférée et pourquoi ? L’artiste Alexandra Nastase a-t-elle d’autres passions au-delà de la peinture ?

Les préférences diffèrent selon l’évolution intérieure, le stade dans lequel ils se trouvent dans la vie à ce moment-là. En ce moment c’est, je pense, « Spring » de S. Boticelli. Pourquoi? Il y aurait plusieurs raisons : sa fraîcheur, la technique de dessin impeccable, la chromaticité diaphane qui crée un contraste fantastique avec la vigueur du dessin et de la composition. Comme passions, la photographie et la littérature seraient aux premières places.